TYPE ET HORS TYPE : Partie 2 publié dans la revue du club de race 2015
Suite à la partie 1 et nous l’espérons un moment de sérenpidité sur la question cynotechnique et sa relation directe avec l’activité de naisseur. Le problème dans l’approche d’une meilleure connaissance technique n’est pas tant le manque de volonté de comprendre que de l’excès de volonté de ne rien savoir. Nous allons pousser plus loin l’analyse tout en restant dans les frontières définies sans trop digresser.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » Albert Camus
De ce qui précède de la partie 1 et notamment dans la partie « défauts » du standard il en ressort que cette liste mélange pêle-mêle des coordonnées de la plastique, des coordonnées de la phanéroptique et des coordonnées de l’énergétique.
Nous pourrions appréhender sous différentes strates la définition de « type ». En effet, la définition revêt un cercle différent selon le cadre.
Alloïdisme :
Moyen : 0 : rectiligne : profil parallèle ;
Négatif : – : concaviligne : profil concave ;
Positif : + : convexiligne : profil convexe
Le cane corso, dysharmonique dans son profil est, selon les coordonnées « Baronnienne » en partant de la tête au corps, un : – 0
On observe une tendance sub-rectiligne ou ultra-concaviligne dans la tête et sub-concaviligne dans le corps et à de plus rares exceptions sub-convexiligne plutôt l’apanage de femelles levrettées. Ce dernier cas est dans la majorité des cas et instinctivement rejeté par les éleveurs.
Dans la tête et d’après nos observations, ces tendances qui sont en l’espèce des variations corrélatives sont généralement liées à la longueur de celle-ci, les valeurs du stop, la forme du profil supérieur du crâne et la convergence des axes craniaux-faciaux. Pour le corps, la longueur des antérieurs, la longueur du corps, le manque d’angulations postérieures spécifiquement du grasset.
Anamorphose :
Les éléments de largeur et d’épaisseur varient dans le même sens et en raison inverse des éléments de longueur.
Moyen : 0 : médioligne : Où ni la longueur ne l’emporte sur la largeur ou inversement ;
Négatif : – : bréviligne : Où les éléments de largeur l’emportent sur la longueur ;
Positif : + : longiligne Où les éléments de longueur l’emportent sur la largeur
Tête :
Moyen : 0 : mésocéphale ;
Négatif : – : brachycéphale ;
Positif : + : dolicocéphale.
Le cane corso est, bien que dogue, un médioligne. C’est sa fonction qui s’exprime à travers cela. On peut observer une tendance sub-bréviligne par l’aplomb des antérieurs, la zone métacarpienne, le cou, la longueur des antérieurs, le poitrail mais aussi le museau, le crâne pour la tête. A noter que celle-ci est brachycéphale.
Nous constatons que sous cet angle d’observations une cohérence avec celles précédentes. Seul le raisonnement diffère car de profil on élimine la largeur, de face les éléments d’épaisseurs. Seul dénominateur commun visible à l’alloïdisme et à l’anamorphose : la longueur. Pour autant une étude en trois dimensions demeure nécessaire et dans cette équation à inconnue le dénominateur commun est la longueur. On vous a perdu ?
Observez que dans le standard, les proportions sont faites en pourcentage selon une valeur : la hauteur au garrot. Nous y voilà. C’est la loi de l’harmonicité. On s’en serait douté les proportions dans un standard sont des éléments objectifs du type.
Une astuce de juge et qui est facilement applicable à notre race qui, sans être un outil d’une précision absolue vous donne une approche correcte.
Prenez une corde, marquez là à la longueur qui correspond à la hauteur au garrot. Pliez là en deux vous aurez la longueur du coude au sol, pliez là en trois celles de l’antérieur, de la tête, du cou (la tête et le cou doivent être un peu plus long).
Un chien c’est comme une pâte à modeler on en fait ce que l’on veut. Mais si vous prenez de la matière à un endroit, il en manquera à un autre. C’est ce que l’on appelle les variations corrélatives et/ou compensatrices. Toute variation en un endroit quelconque s’exprime à un autre endroit. La question des variations est essentielle, ce que le Pr Denis décrivait comme un compromis entre l’homogénéité et la variabilité. L’idée est très simple, le chien parfait absolu, c’est à dire calibré au millimètre près, n’existe pas mais, pour autant, plusieurs sujets peuvent coexister tout en incarnant une idée de la perfection. Nous entendons par là, sur la base de critères objectifs et non du gout. A l’instar les variations, en reprenant le concept de la pâte à modeler peut nous amener in fine sur une autre race. C’est pourquoi il faut différencier objectivement une tendance et un état. Le néologisme le plus courant dans notre race est « boxérisation ». Tout le monde le connaît. Mais celui-ci, en écartant son aspect péjoratif et souvent lapidaire utilisé à mauvais escient parce que compréhensible par tous nous servira dans notre démonstration bien qu’il existe suffisamment de mots dans notre langue. De plus quand on sait à quel point la race du boxer s’est elle-même enfoncée dans les limbes de la boxérisation…
L’idée de fond étant qu’un cane corso doit faire penser à un cane corso et non à une autre race. Evidemment au premier coup d’œil mais aussi sur des réflexes d’évaluations rapides sur des bases solides. Dire d’un cane corso qu’il est boxérisé sans connaître les caractéristiques ethniques du boxer et son évolution classe l’émetteur de cet avis dans la section malveillants. Il en va de même pour les pointers, les matins, les bullmastiffs,… qui sont au demeurant des races fantastiques et ne doivent pas servir au dénigrement. Bref…
L’idée étant de déceler le point de basculement d’une variation ou d’une somme de variations vers une autre race. Se cache derrière cela la pertinence de garder en tant que reproducteur(ice) un sujet au détriment d’un autre. Tordre le cou à cette croyance que l’on a besoin de surtype pour avoir du type afin d’équilibrer, de taille très grande pour compenser une petite taille, de sur ou sous dimensionnement pour compenser. Pratiquer l’élevage en raisonnant en compensation ne mène à rien si ce n’est à la recherche du coup de chance qui fera peut-être, par hasard naître un chien jugé excellent mais qui ne traduira aucunement une homogénéité de cheptel, ni de lignée. En gros c’est comme jouer au Loto comme unique voie d’enrichissement. Ca peut marcher… Ou pas.
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